Nous assistons actuellement à un retour du pendule. Soixante-quinze ans de psychologie culturaliste et de féminisme de bon aloi n’ont pas réussi à faire disparaître les différences psychologiques et comportementales existant entre les hommes et les femmes. Nous sommes tous d’accord pour l’égalité (quoiqu’il reste encore beaucoup à faire de ce côté tant pour les hommes que pour les femmes), mais les hommes et les femmes ne sont pas similaires.
Quoiqu’il puisse évidemment y avoir des exceptions, il serait illusoire, et tout à fait anti-scientifique, de croire que les différences génétiques, gonadiques, hormonales, anatomiques et cérébrales ne se manifestent pas dès le plus jeune âge et n’influencent pas la psychologie et le comportement de l’homme et de la femme. Si la psychologie différentielle des sexes du siècle dernier a fait l’erreur d’utiliser l’homme comme norme pour pouvoir inférioriser la femme et l’emprisonner dans des rôles subalternes limités à la grossesse, à l’éducation des enfants et à la nourriture, il serait tout aussi erroné de croire que nous sommes identiques. Les efforts faits par le culturalisme et le féminisme pour éliminer le sexisme et la discrimination sexuelle n’a quand même pas fait de l’homme un être identique à la femme, ou vice-versa. L’homme et la femme sont égaux, mais différents, qualitativement et non quantitativement.
Des livres tels Découvrir nos différences de Jo Tanenbaum, L’homme vient de Mars, la femme vient de Vénus de John Gray, Décidément, tu ne me comprends pas de Deborah Tannen, Les secrets sur les hommes que les femmes devraient connaitre de Barbara DeAngelis ne sont que quelques exemples de livres qui ont été écrit sur les différences psychologiques et comportementales entre les hommes et les femmes. Sans entrer dans les détails, voici un survol de quelques-unes des conclusions de ces auteurs, conclusions basées sur leurs recherches scientifiques et/ou leurs expériences cliniques empiriques.
D’après Tanenbaum, il existe quatre modes de perception de la réalité: les modes physique, émotionnel, intellectuel et spirituel (dans le sens relationnel du terme). Alors que les femmes peuvent plus facilement naviguer de l’un à l’autre mode, l’homme serait plus à l’aise sur les modes physique et intellectuel. L’homme, par exemple, a des pensées tristes ou heureuses (intellectuel) et il exprime ses sentiments avec son corps (physique); l’action est la priorité de l’homme. La femme, quant à elle, ressent la tristesse et peut même avoir des émotions, sans raison aucune, ce qui est très difficile à comprendre pour l’homme. Alors que l’homme exprime sa spiritualité de façon physique (érection de cathédrales) ou intellectuelle (théologie ou philosophie), la femme vit et décrit son expérience spirituelle de façon directe, en termes émotifs; la relation entre elle et l’environnement est la priorité de la femme.
Pour l’homme, l’émotion est l’expression d’un problème, d’un conflit; il s’agit alors pour lui de trouver la source de l’émotion pour pouvoir la faire disparaître et retrouver la paix de son esprit. Pour la femme, l’émotion devient un prétexte à la relation; elle veut l’exprimer, la partager et recevoir les émotions des autres en retour. Si une femme exprime une émotion à un homme, ce dernier imagine automatiquement qu’il fait partie du problème, qu’il est la ou une des causes de l’émotion; il peut alors réagir par la défensive ou offrir des solutions pour résoudre ce qu’il perçoit comme un problème. C’est ce qui fait croire à la femme que l’homme cherche à la « réparer » ou qu’il cherche toujours à avoir le dernier mot puisqu’il traduit l’émotion en termes intellectuels.
L’homme fonctionnant de façon rationnelle et séquentielle, il voudra faire l’amour de la même façon : le désir est la cause, les caresses et les « pitons » sont les moyens, l’orgasme réciproque en constitue l’objectif. Fonctionnant de façon linéaire, l’homme sera en général moins flexible lorsque la femme voudra modifier cette planification pour ajouter du piquant dans la relation : parler d’amour, mais non le faire; se caresser, se toucher, mais pas nécessairement viser l’orgasme simultané par la pénétration.
La sociolinguiste Deborah Tannen a analysé et décortiqué les styles de conversation entre les hommes et les femmes pour essayer de comprendre pourquoi ils ont tant de difficultés à communiquer entre eux. Elle a ainsi démontré que les hommes parlaient tout autant que les femmes, sauf qu’ils ne parlaient pas dans les mêmes circonstances, des mêmes sujets, ni pour les mêmes objectifs. Pour elle, « la communication mâle-femelle est une communication interculturelle ». Il y aurait plus de différences dans la façon de communiquer entre l’homme et la femme qu’il y en aurait entre le macho québécois, le cowboy américain et le samouraï japonais.
Les femmes se réfèrent à un langage de rapport et d’intimité; elles utilisent le langage pour être en relation et pour exprimer leurs états d’âme. L’homme utilise le langage pour donner ou aller chercher de l’information; pour l’homme, le langage possède une fonction utilitaire et est utilisé pour préserver son indépendance. Les hommes parlent de faits objectifs, les femmes de connexions affectives. La femmeparle davantage dans l’intimité, alors que l’homme veut profiter de l’intimité pour se reposer et refaire le plein d’énergie, en silence.
L’homme parle davantage lorsqu’il a un public, « l’homme fait des discours que les femmes font semblant d’écouter », car pour elle c’est l’intimité qui importe et non le statut. De plus, les hommes ne parlent en public que lorsqu’il n’y a qu’une seule personne à la fois qui parle, alors que les femmes vont plus facilement parler en public lorsque plus d’une voix se fait entendre. Vous en voulez une preuve: écoutez l’émission Les copines d’abord de Canal Vie. Dans leur façon de parler, les femmes recherchent surtout l’approbation alors que les hommes défient toute autorité. Les femmes racontent leurs ennuis ou leurs petits malheurs pour établir le contact; l’homme reçoit l’expression de ces ennuis ou malheurs comme des reproches ou des critiques qu’on leur adresse. Deborah Tannen termine son livre en se demandant si « la langue de l’autre sexe peut être enseignée? »
Gregory Bateson, dans La nature et la pensée (Éd. Le Seuil, Paris, 1984) a baptisé « schismogenèse complémentaire » la réaction en chaine par laquelle la réponse de l’un à la provocation de l’autre provoque des comportements réciproques toujours plus divergents. Cette escalade se produit parce que les hommes et les femmes ont des sensibilités divergentes et qu’ils vivent dans deux mondes tout à fait différents, avec des attentes et des croyances différentes. L’homme et la femme doivent donc apprendre le langage de l’autre afin de pouvoir désamorcer cette escalade « schismogénétique » et éviter que se construise un mur d’incompréhension entre les deux.
Les hommes viennent de mars, les femmes viennent de Vénus de John Gray est devenu un best-seller aux États-Unis et se vend très bien dans sa traduction française parce qu’il exprime de façon simple, concise et concrète ce que la majorité des gens ont « instinctivement » perçu. « Je n’ai plus l’impression de n’être pas correct » disent la majorité de ses lecteurs, sauf les intellectuel(le)s féministes à la recherche de l’androgyne comme d’autres recherchent la fontaine de Jouvence ou l’élixir de jeunesse. Ce livre propose de nouvelles stratégies basées sur les différences homme-femme afin de réduire les tensions dans les couples.
Il y explique que les valeurs primordiales du Martien sont le pouvoir, la compétence, l’efficacité et l’accomplissement, qu’il s’intéresse davantage aux choses et aux objets, qu’il est important pour lui de prouver sa compétence et d’atteindre ses objectifs par lui-même, que demander de l’aide est un signe de faiblesse, qu’il est honoré lorsqu’on fait appel à ses connaissances et qu’il ne sait pas que le fait de parler de ses problèmes n’est pas une invitation à offrir une solution.
Il y explique aussi que la Vénusienne valorise surtout l’amour, la communication, la beauté et les relations, qu’elle s’intéresse davantage aux personnes et aux sentiments, qu’il est important pour elle de se sentir aimée pour elle-même, que d’offrir de l’aide est une marque d’affection, qu’elle est honorée que l’on ait des marques d’attention pour elle, que de parler de ses problèmes est une ouverture sur autrui et une marque d’amour.
Pour se sentir mieux, le Martien s’isole, la Vénusienne téléphone. Le Martien veut faire l’amour pour régler une dispute; la Vénusienne veut régler la dispute avant de faire l’amour. Le Martien offre un bouquet de 24 roses pour prouver son amour; la Vénusienne préfère recevoir 24 fois une rose et, de préférence, différente à chaque fois. Le Martien achète la paix par le silence ne sachant pas qu’il provoque la guerre pour la Vénusienne qui, elle, ne sait pas que de le forcer à parler avant qu’il ne soit prêt à le faire est une déclaration de guerre qui amène le Martien à se retirer davantage et/ou à exploser si la Vénusienne continue de vouloir entrer en relation.
Le Martien a besoin d’une raison pour parler; la Vénusienne parle en plus pour le plaisir. Le Martien a besoin d’espace; la Vénusienne a besoin de compréhension. Le Martien a besoin de confiance, d’acceptation, d’appréciation, d’admiration, d’approbation et d’encouragement; la Vénusienne a besoin d’attention, de compréhension, de respect, de dévotion, de valorisation de ses sentiments, d’assurance. Le Martien essaie à tort d’« arranger » la Vénusienne qui elle essaie à tort d’« améliorer » le Martien. Pour la Vénusienne, les petites choses font une grande différence; le Martien concentre ses énergies sur une affaire importante et minimise les petites choses.
Les différences entre les hommes et les femmes doivent être reconnues et valorisées et non pas être utilisées pour « normaliser » l’autre sexe. Ce faisant, on pourra peut être cesser de s’accuser l’un et l’autre de mauvaise foi ou de refus de communiquer parce que notre vision du monde est différente et que le verbe « communiquer » se conjugue différemment selon que l’on est homme ou femme.
La psychologie moderne, à l’aide des découvertes de la neuropsychologie et de la nouvelle science de l’homme et de la femme, se doit de mieux définir ces différences. Les couples pourront alors comprendre et revaloriser ces différences afin de mieux les intégrer dans leur vécu quotidien au plus grand bonheur de ceux-ci car, ne l’oublions pas, ces différences sont complémentaires et ont été développées par la nature pour des raisons d’économie, d’efficacité et comme stratégies de survie de notre espèce.
Le psychologue Joe Tanenbaum a demandé aux hommes et aux femmes ce qu’ils voudraient changer chez l’autre sexe et constaté que 1. les changements demandés par l’un et l’autre sexe correspondent aux caractéristiques du sexe demandeur; 2. l’un et l’autre sexe acceptent difficilement que l’autre soit différent; et 3. les changements demandés sont contradictoires. Voici la liste des douze principaux changements demandés à l’autre sexe.
Les hommes voudraient que les femmes…
- Parlent moins souvent;
- Soient moins émotives;
- Se dépensent plus physiquement;
- Soient moins romantiques;
- Fassent l’amour plus souvent;
- S’occupent moins des «autres»;
- Soient plus rationnelles;
- S’occupent plus de leur carrière;
- Restent plus souvent à la maison;
- Soient moins sensibles;
- Soient plus ponctuelles;
- Se préparent plus rapidement.
Les femmes voudraient que les hommes…
- Parlent plus souvent;
- Soient plus émotifs;
- Se dépensent moins physiquement;
- Soient plus romantiques;
- Soient plus sensuels et moins génital;
- S’occupent plus des «autres»;
- Soient plus spontanés;
- S’occupent plus de leur famille;
- Sortent plus souvent;
- Montrent plus de compassion;
- Soient moins pressés;
- Se préoccupent plus de leur hygiène.
En comparant un à un les désirs des hommes et des femmes, on a vraiment l’impression d’assister à une bataille rangée où chacun essaie de démontrer à l’autre qu’il a raison d’être comme il est et que l’autre doit changer et que s’il ne le fait pas, c’est qu’il est de mauvaise foi ou qu’il n’a pas autant d’amour qu’il veut bien le dire. Tous deux croient que tout est question d’amour ou de volonté, ne sachant pas qu’il existe des différences de nature pouvant expliquer ces différences et les difficultés de communication qui s’ensuivent.
Pour en savoir davantage sur les différences homme-femme :
Dallaire, Yvon, S’aimer longtemps ? L’homme et la femme peuvent-ils vivre ensemble ? Éd. Option Santé, Québec, 1996, 192 p.
Dallaire, Yvon, Chéri, Parle-Moi… Dix règles pour faire parler un homme ? Éd. Option Santé, Québec, 1998, 144 p.
Dallaire, Yvon, Qui sont ces femmes heureuses ? La femme, l’amour et le couple, Québec-Livres, Montréal, 2015.
Dallaire, Yvon, Qui sont ces hommes heureux ? L’homme, l’amour et le couple ? Québec-Livres, Québec, 2018.
DeAngelis, Barbara, Les secrets sur les hommes que toute femme devrait savoir, Éd. Edimag, Montréal, 1993, 318 p.
Durben-Smith, Jo et Diane Desimone, Le sexe et le cerveau, La réponse au mystère de la sexualité humaine, Éd. La Presse, Montréal, 1985, 272 p.
Fisher, Hélène, Histoire naturelle de l’amour, Instinct sexuel et comportement amoureux à travers les âges, Éd. Robert Laffont, Paris, 1994, 458 p.
Gray, John, L’homme vient de Mars, la femme vient de Vénus, Éd. Logiques, Montréal, 1994, 327 p.
eeTanenbaum, Joe, Découvrir nos différences entre l’homme et la femme, Éd. Québécor, Outremont, 1992, 234 p.
Tannen, Déborah Décidément, tu ne me comprends pas, ou Comment surmonter les malentendus entre hommes et femmes, Éd. Robert Laffont, Paris, 1993, 350 p.
Quoique plusieurs de ces livres dates de la fin du XXe siècle, leur contenu est encore très juste.
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Je vous souhaite une excellente journée et beaucoup de bonheur seul et à deux.