Les effets de l’âge sur la sexualité.

Les effets de l’âge illustrent parfaitement l’interaction complexe des facteurs physiologiques et psychologiques. Certaines modifications biologiques liées au vieillissement présentent un caractère universel, mais les réactions qu’elles suscitent varient considérablement selon les individus. Par exemple, certains adolescents réagissent aux intenses pulsions sexuelles qui les assaillent en développant des attitudes agressives. D’autres tombent amoureux, savent charmer le partenaire de leur choix et l’amener à faire l’amour. D’autres encore sont incapables d’affirmer leur sexualité et se réfugient dans les fantasmes ou deviennent hyper timides.

De même lorsque, vers la cinquantaine, leurs réactions sexuelles commencent à décliner, certains hommes se retirent dans une andropause irritable, dépressive, paranoïde. D’autres abandonnent leur femme et vont chercher des partenaires plus jeunes pour retrouver l’intensité érotique de leur jeunesse. Des femmes profitent de leur ménopause pour justifier un arrêt total d’activité sexuelle. Les plus heureuses sont capables d’intégrer confortablement une sexualité modifiée, même si un peu réduite.

Il est extrêmement intéressant de constater que l’âge exerce des effets différents sur le cycle sexuel selon qu’il s’agit de l’homme ou de la femme. Les statistiques démontrent que, chez l’homme, la réactivité, la capacité et la fréquence sexuelles atteignent leur maximum vers 17-18 ans, se maintiennent jusqu’à 30 ans et ne cessent de décliner par la suite. Chez les femmes, c’est à la fin de la trentaine que se situe l’apogée sexuel, suivi d’un ralentissement graduel.

L’âge affecte différemment les réactions sexuelles. Masters et Johnson ont établi que chez l’homme, c’est l’orgasme qui est le plus touché. La période réfractaire s’allonge de même que décline fortement, sitôt après l’apogée de l’adolescence, la force éjaculatoire. En revanche, malgré l’apparition de certaines difficultés érectiles, la capacité d’érection demeure relativement inchangée. Même s’il n’est plus capable d’avoir des orgasmes aussi intenses et multiples que dans sa jeunesse, ni d’éprouver distinctement la phase d’inévitabilité éjaculatoire, un homme de 80 ans peut parfaitement connaître occasionnellement l’orgasme et parvenir à des érections fréquentes et agréables lorsqu’il est efficacement stimulé. L’âge n’exerce aucun effet comparable sur la femme, qui demeure tout au long de sa vie capable de connaître des réactions orgastiques multiples, sans presqu’aucune période réfractaire. Les changements sont plutôt d’ordre anatomique que fonctionnel.

Les effets de l’âge sur la sexualité de l’homme
L’homme vieillissant voit apparaître des changements physiologiques graduels et normaux. Ces changements affectent tout son corps. Malheureusement, les changements qui touchent le fonctionnement sexuel de l’homme sont perçus par plusieurs comme des indices certains que leur vie sexuelle est terminée… ou s’achève. Par exemple, une érection moins spontanée ou une impuissance occasionnelle sont interprétées comme une perte prochaine de son habilité et de son fonctionnement sexuels.

De telles croyances peuvent être paniquantes. Les hommes ne réalisent pas toujours comment leurs sentiments d’estime de soi, de valeur de soi, de masculinité ou de compétence peuvent influencer leur fonctionnement sexuel. Si vous avez plus de quarante ans, vous avez remarqué que vos jambes ne sont plus aussi fortes qu’elles étaient à vingt ans ; évidemment, vous n’avez jamais cru que vous alliez cesser bientôt de marcher. Pourquoi devriez-vous arrêter de faire l’amour parce que vous sentez que vos muscles sexuels ne sont plus aussi forts qu’avant. Au contraire, vous constaterez probablement que certains changements qui surviennent peuvent même vous aider à devenir un meilleur amant.

Parmi tous les changements sexuels physiologiques prévisibles et normaux, le principal et le plus traumatisant pour l’homme est certes la baisse de la spontanéité de ses érections. Certains hommes paniquent et deviennent impuissants. Ils cessent leurs initiatives sexuelles par peur de l’échec et leurs femmes interprètent ce comportement comme une perte de sa propre attraction sexuelle et diminuent, elles aussi, leurs initiatives sexuelles au moment où, au contraire, elles devraient augmenter leurs initiatives et être plus actives pour aider l’homme à découvrir une sexualité plus sensuelle. La contrepartie de la baisse de la spontanéité érectile, pour l’homme qui accepte ce changement, est que celui-ci peut maintenir des érections plus longues sans éjaculation.

La peur de l’échec entraîne l’échec. Pour éviter l’installation d’un cercle vicieux, l’homme doit comprendre qu’il peut profiter de sa sexualité ou en faire profiter sa partenaire et attendre que sa libido soit assez forte pour faciliter l’érection. L’érection est un réflexe sur lequel la volonté n’a aucune prise, sauf celle de créer l’atmosphère de détente nécessaire à l’excitation sexuelle.

La diminution de la pulsion sexuelle au cours de la vieillesse se manifeste également par un déclin des préoccupations, des pensées et des fantasmes sexuels en l’absence de stimulation spécifiquement érotique. Bien qu’il existe des différences très marquées selon les individus, un homme ayant dépassé la cinquantaine peut fort bien se laisser absorber par sa carrière durant des semaines au point de ne plus penser au sexe et sans qu’aucune érection ne se manifeste. Toutefois, les hommes âgés demeurent potentiellement sensibles aux stimulations sexuelles. Des techniques érotiques améliorées peuvent compenser les modifications dues à l’âge ; les hommes âgés exigent simplement plus de temps et des stimulations physiques plus intenses pour continuer à tirer du sexe le maximum de plaisir. En vieillissant, la sexualité de l’homme se rapproche de celle de la jeune femme ; on peut percevoir cela comme un juste retour des choses.

Les effets de l’âge sur la sexualité de la femme
L’une des premières choses que l’on remarque lorsqu’on observe la sexualité féminine, c’est que celle-ci est sujette à des variations individuelles infiniment plus importantes que chez l’homme, encore que toute comparaison directe soit, bien entendu, impossible dans ce domaine. Étant donné qu’il est plus difficile de généraliser dans le cas des femmes, les études portant sur la sexualité féminine et les modifications qu’elle subit en fonction de l’âge reposent sur des bases moins solides que dans le cas des hommes.

Les différences dans le développement sexuel des deux sexes font leur apparition au cours de l’adolescence. Les filles subissent alors une évolution physique évidente en même temps qu’elles manifestent pour le sexe un intérêt nouveau. Toutefois, elles se soucient plutôt d’attirer les garçons, ont tendance à s’amouracher d’un seul d’entre eux et s’intéressent moins aux aspects purement physiques de la sexualité. Dans l’ensemble, elles sont, dans ce domaine, plus lentes à s’éveiller. Alors que pratiquement tous les garçons normaux se masturbent, les filles, dans une proportion de 40 à 50 % affirment soit ne jamais se masturber, soit n’avoir commencé à le faire qu’après une expérience sexuelle ayant abouti à l’orgasme ou à une excitation particulièrement intense. Contrairement aux hommes, chez qui l’absence totale de masturbation au cours de l’adolescence éveille les soupçons et laisse supposer quelque désordre psychique, les femmes qui ne se sont jamais masturbées ne sont pas des névrosées, bien que celles qui ne se masturbent pas se plaignent plus souvent, par la suite, de difficultés orgastiques.

Les premières expériences du coït s’avèrent généralement décevantes et ne suscitent ni orgasme ni sensations vaginales agréables. Si les premiers échangent sexuels se limitent à des caresses, à des stimulations des seins et du clitoris, sans rapports complets, ils constitueront peut-être pour une fille l’expérience la plus excitante de sa vie, même si elle n’est pas parvenue à l’orgasme.

C’est au début du mariage, entre 20 et 30 ans, que les rapports sexuels atteignent pour elles le maximum de fréquence, de 2 à 5 fois par semaine en moyenne. Toutefois, ils sont généralement avant tout provoqués par les intenses besoins sexuels de son jeune partenaire qui, à cette période de sa vie, veut faire l’amour souvent, est facilement excité, pénètre sa femme et jouit rapidement, laissant dans bien des cas cette dernière insatisfaite.

Dans notre culture, les réactions sexuelles atteignent chez la femme leur maximum d’intensité entre trente et quarante-cinq ans. Masters et Johnson ont constaté une rapidité et une intensité particulière des réactions, surtout après la naissance de plusieurs enfants. Ceci serait dû, en partie, à la vasocongestion accrue des viscères pelviens qui se produit après l’accouchement. La lubrification vaginale, correspondant à l’érection, se produit instantanément et les orgasmes multiples sont fréquents dans cette catégorie d’âge. Un bon nombre de femmes avouent qu’elles sont alors plus intéressées par le sexe et que leurs réactions orgastiques sont plus faciles qu’au cours de leur jeunesse. On peut à bon droit supposer que ces phénomènes ne sont pas déterminés par des facteurs biologiques, mais qu’ils résultent de la disparition progressive des inhibitions et aussi d’un sentiment de sécurité accru, lié au fait de se sentir acceptée et physiquement aimée par son partenaire. Au cours des années, ces femmes ont acquis une certaine autonomie sexuelle et ont appris à demander à leur mari le type de stimulation qui les excite, avec moins de honte et de crainte qu’elles n’en éprouvaient auparavant.

Le fonctionnement sexuel durant les années que dure la ménopause est extrêmement variable d’une femme à l’autre et dépend de son état psychique général et des relations qui la lient à son partenaire. La cessation brusque du fonctionnement ovarien provoque une baisse brutale du taux d’œstrogènes et de progestérone. Ces bouleversements endocriniens s’accompagnent chez la plupart des femmes d’excès d’irritabilité, de dépression, d’instabilité affective et d’un comportement plus agressif.

Les effets qu’exerce sur la libido la suppression des stéroïdes sexuels féminins sont, ici encore, extrêmement variables. Il est évident que si une femme se sent déprimée, irritable, peu sûre d’elle, il est peu probable qu’elle s’intéresse au sexe. Cependant, et bien que certaines femmes avouent une diminution de leurs désirs sexuels, nombreuses sont celles qui, au contraire, constatent une intensification de leur appétit érotique durant la ménopause et après. Une fois de plus, le sort de la libido semble dépendre d’une multitude de facteurs qui se manifestent au cours de cette période, parmi lesquels on trouve des modifications physiologiques, des circonstances plus ou moins favorables et l’affaiblissement des inhibitions.

Après la cinquantaine, on constate un large éventail dans les réactions sexuelles. Les femmes appartenant à cette classe d’âge dépendent, pour s’exprimer sexuellement, d’hommes dont le nombre et les besoins en ce domaine se sont considérablement réduits. Une femme qui a l’occasion de faire régulièrement l’amour a tendance à conserver intacte sa capacité de réaction sexuelle ; dans le cas contraire, celle-ci décline fortement.

En dehors même du rôle ainsi joué par les circonstances, se produit une diminution lente et progressive de la pulsion sexuelle chez les deux sexes. Après 65 ans, une femme est moins intéressée par le sexe qu’à quarante, mais continue cependant de rechercher, dans ce domaine, des occasions auxquelles elle demeure parfaitement capable de réagir. Les liaisons à caractère érotique et la masturbation n’ont rien d’exceptionnelles dans cette classe d’âge, et des femmes ayant dépassé soixante-cinq ans reconnaissent fréquemment qu’elles font encore des rêves érotiques.

Que faire pour entretenir la sexualité après quarante ans et surtout cinquante ?
Beaucoup. Pratiquer les exercices de Kegel ou contractions du muscle pubococcygien et autres exercices de mise en forme des organes génitaux. Conserver le plus longtemps possible une sexualité active, avec ou sans partenaire. Prendre le temps de relaxer et de respirer la vie. Faire de l’activité physique, encore et encore, surtout des activités cardio-vasculaires. Surveiller son alimentation. Varier les activités érotiques (pas nécessairement les partenaires) en utilisant son imagination. Et surtout, entretenir l’amour de son partenaire. Les gens actifs sexuellement vivent plus longtemps (plus de quatre ans), en meilleure santé  (35 % moins de maladie) et sont plus heureux. Le plaisir, y compris le plaisir sexuel, entretient la vie.

 

Les effets de l’âge sur la sexualité de l’homme

Au plan de l’érection
1. Érection plus lente à obtenir.
2. Nécessité d’une plus grande stimulation
physique de la part de la partenaire.
3. Érection moins ferme et complète.
4. Érection plus longue sans éjaculation.
5. Perte d’érection plus rapide après l’orgasme.
6. Période réfractaire plus longue avant une autre érection.
7. Détumescence rapide

Au plan de l’orgasme
8. Désir, besoin et capacité d’orgasme en baisse.
9. Besoin d’orgasmer à tout coup moins urgent.
10. Moindre force de l’éjaculation.
11. Baisse ou perte de la sensation du point de non-retour.
12. Période réfractaire plus longue avant le prochain orgasme.
13. Existence d’une période réfractaire paradoxale.

Au niveau de l’expérience sexuelle globale
14. Moindre focus sur le pénis et les organes génitaux.
15. Accent plus grand sur l’expérience sensuelle corporelle et émotive.
16. Forte influence des aspects psychophysiologiques.

Les effets de l’âge sur la sexualité de la femme

Au plan des hormones sexuelles
1. Baisse brutale du taux d’œstrogènes et de progestérone.
2. Influence accrue des androgènes et de la testostérone.

Au plan physiologique
3. Lubrification vaginale plus lente et moins abondante.
4. Parois vaginales moins épaisses, plus pâles et moins élastiques.
5. Réduction de l’utérus, dont l’élévation devient plus faible ou tardive.
6. Grandes lèvres perdent leur dépôt cutané et s’amincissent.
7. Engorgement plus léger des petites lèvres.
8. La réaction du clitoris demeure toutefois égale et ne sert qu’au plaisir.
9. Affaissement des seins dû à la réduction de la glande mammaire.

Au niveau de l’expérience orgasmique
10. Contractions orgastiques moins vigoureuses et fréquentes.
11. Effet de creux incomplet ou tardif.
12. Diminution de la myotonie générale.
13. Sensations érotiques moins intenses.
14. Phase de résolution accélérée.
15. Aucune perte de la capacité multiorgasmique.

Au plan de l’expérience sexuelle globale
16. Baisse ou augmentation significative de la libido après la ménopause, puis baisse graduelle.
17. Très forte influence des facteurs psychosociaux.

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Yvon Dallaire, est psychologue, conférencier, formateur et auteur de nombreux volumes sur les relations homme – femme, dont une trilogie sur le bonheur conjugal.

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