Au-delà des conflits insolubles (voir chronique #8), les couples vivent aussi des moments difficiles. Les couples fusionnels survivent rarement à ces moments critiques. Tous ne vivent pas nécessairement les neuf crises suivantes : certains ne seront jamais aux prises avec l’infidélité, par exemple ; chez d’autres, par contre, les difficultés s’accumulent.
Les premières crises
Tous, nous espérons que la passion durera toujours. Mais vient un temps où l’on découvre qui est réellement la personne que nous avons choisie, vient un jour où nous perdons nos illusions sur l’amour, le couple, l’autre. L’acceptation de l’autre dans sa réalité constitue le premier moment critique, moment que l’on pourrait qualifié de désidéalisation. C’est ce qui a fait dire à Beigbeder que l’amour dure trois ans (http://www.livredepoche.com/lamour-dure-trois-ans-frederic-beigbeder-9782253166863).
Les couples heureux acceptent cette baisse de la passion et la transforment en amour basé sur la connaissance de l’autre et sur la réalité du couple. Les autres soit se résignent, surtout s’il y a des enfants, soit se séparent et partent à la recherche d’une nouvelle passion. Cette désillusion explique la majorité des divorces qui surviennent lors des premières années de l’union. En fait, Beigbeder a parlé de passion, non d’amour. C’est la passion qui est aveugle.
L’on sait que le taux de séparation et d’infidélité augmente dans l’année suivant l’arrivée du premier enfant, pourtant considéré comme le fruit de l’amour. L’enfant, même ardemment désiré, provoque une véritable révolution dans la vie amoureuse d’un couple et oblige à prendre des responsabilités auxquelles les partenaires ne sont souvent pas préparés. Les activités sociales s’en trouvent perturbées, l’intimité aussi. Il faut réaménager l’espace ou penser à déménager.
Les crises du milieu de la vie
Nul aujourd’hui, même syndiqué, n’est assuré d’un emploi permanent. Les changements de carrières sont aussi de plus en plus fréquents. Une perte d’emploi ou une promotion professionnelle exigeant un déménagement de l’un des conjoints peut confronter le couple à des décisions difficiles à prendre.
La routine, la lassitude, des besoins légitimes de moins en moins satisfaits, un climat de tension permanente peuvent pousser l’un des deux conjoints à chercher ailleurs des compensations. D’après les chiffres les plus conservateurs, de 15 à 25 % des femmes et de 20 à 30 % des hommes vivraient un jour ou l’autre une aventure extraconjugale, ce qui touche facilement un couple sur deux. Deux couples sur trois se sépareront suite à la découverte d’une infidélité, surtout si elle a été niée, car elle remet en question la confiance nécessaire à l’intimité.
L’infidélité survient souvent au mi-temps de la vie, moment où chacun(e) fait un bilan de sa vie rêvée à l’adolescence et la compare à la réalité de sa vie d’adulte et doit décider s’il poursuit ou non le chemin qu’il s’est volontairement ou non dessiné jusqu’à maintenant. Ce démon du midi affecte autant les hommes que les femmes, quoiqu’il puisse y avoir certaines différences dans sa manifestation.
Les crises de fin de vie
Au départ des enfants de la maison, les amants devenus parents se retrouvent enfin entre eux ou ne se retrouvent pas et ont l’impression d’être devenus des étrangers. Le syndrome du nid vide affecte la femme – mère plus que l’homme qui s’est souvent investi davantage dans sa profession. Le départ des enfants provoque une forte remise en question du couple si l’on se fie au taux de divorce qui a alors tendance à augmenter.
La mise à la retraite, l’un après l’autre ou en même temps, oblige le couple à se redéfinir tant au plan des espaces communs que de leurs activités. Les deux se retrouvent face à face. Si en plus l’un des deux est quelque peu diminué par une maladie ou envahi par la peur de la mort, ce moment peut-être d’autant plus critique. La maladie peut évidemment frapper en tout temps tout comme la mort d’un être cher peut miner la vie conjugale. Peu de couples survivent, entre autres, à la mort d’un enfant, la mort la plus injuste qui puisse exister.
La vie de couple est tout, sauf un long fleuve tranquille, mais le couple constitue, malgré ces moments critiques, la meilleure stratégie de vie et la plus belle des aventures humaines. Le couple est un creuset pour générer des crises. L’avenir du couple dépend grandement de la façon dont le couple abordera ces neufs moments critiques et saura, ou non, les dépasser pour développer de plus en plus leur complicité. Pour paraphraser Nietzsche, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.
Les neuf crises du couple
1. Le test de la réalité ou « désidéalisation »
2. L’arrivée d’un enfant
3. L’emménagement ou le déménagement
4. Les changements de carrières ou pertes d’emploi
5. Les aventures extraconjugales
6. Le démon du midi
7. Le départ des enfants
8. La mise à la retraite
9. La maladie ou la mort d’un être cher
La semaine prochaine : Les dix secrets des couples heureux.
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Je vous souhaite une excellente journée de bonheur seul et à deux.