L’amour peut tout !
Je fus un jour invité à une émission télévisée très populaire pour répondre à la question « L’homme et la femme peuvent-ils vivre ensemble ? » L’émission était enregistrée devant un public composé de personnes de tous âges pouvant intervenir dans ma discussion avec l’animatrice.
Je parlais du taux croissant de divorce et des nombreuses difficultés rencontrées par tous les couples lorsqu’une jeune fille intervint pour dire que « Quand on s’aime vraiment, on peut surmonter toutes les difficultés ». Le jeune homme assis à côté d’elle souscrivit à son intervention, ainsi que les autres jeunes de l’assistance. Je remarquai toutefois quelques esquisses de sourires chez les personnes plus âgées de l’auditoire.
Voilà la première et la plus pernicieuse des illusions entretenues sur le couple depuis l’avènement du romantisme à la fin du XVIIIe siècle et de l’amour comme principale raison du mariage. Le problème, c’est que l’amour n’est pas la base de la relation, mais l’objectif de celle-ci. Au début d’une relation, n’existent que l’attirance physique et les fantasmes. L’amour véritable, en tant que sentiment, nécessite la connaissance de l’autre. La passion, ou l’amour-émotion, n’est pas faite de connaissances, elle est faite d’espérance : l’espérance que l’autre va combler nos manques, nous aider à régler tous les problèmes de notre passé et que nous allons vivre en harmonie pour le reste de nos jours.
Platon disait : « L’amour est aveugle ».
Beigbeder écrivait : « L’amour dure trois ans ».
Les deux parlaient de passion, non d’amour véritable.
C’est cet espoir naïf qu’exprimait cette jeune femme : que notre passion amoureuse survivra à toutes les épreuves. Or, la passion doit passer pour faire place à l’amour. Tous les couples expérimentés, ceux qui souriaient dans l’anecdote ci-dessus, savent qu’il faut beaucoup plus que de l’amour pour vivre à deux heureux et longtemps. Pour faire d’un couple un couple heureux, l’amour est certes nécessaire, mais insuffisant.
Cette illusion est pernicieuse parce que très rapidement l’un ou l’autre des partenaires accusera l’amour d’être le responsable des difficultés du couple. « Si tu m’aimais vraiment, tu comprendrais… » ou « Si tu m’aimais vraiment, tu accepterais… ». L’amour n’a généralement rien à voir avec les difficultés conjugales, comme j’ai pu le constater à de multiples reprises chez les couples venus me consulter. Ce n’est pas l’amour qui est en cause, mais bien la croyance que « l’amour peut tout ».
L’amour n’est pas tout-puissant et ne peut résoudre par lui-même les difficultés inhérentes à la vie de couple. Ces difficultés sont créées par la vie de couple elle-même pour permettre aux deux partenaires d’apprendre à mieux se confronter et ainsi mieux se connaître et possiblement s’aimer davantage. Par contre, l’amour grandissant peut faciliter l’acceptation des difficultés inévitables et en minimiser les impacts. Les couples heureux ne remettent plus leur amour en question lors de désaccords, contrairement aux couples fusionnels qui associent amour et accord. Les couples heureux savent que l’on peut s’aimer, même en désaccord.
Lors de crises conjugales, il est normal de devenir ambivalent face à notre partenaire et d’expliquer son ambivalence par un manque d’amour. « Si j’ai le goût d’être seul(e), est-ce que cela veut dire que j’aime moins mon partenaire ? » « Si mon partenaire refuse de faire l’amour, est-ce parce qu’il ne m’aime plus ? » Cette logique est très dangereuse car elle fait du manque d’amour le problème à résoudre alors que l’ambivalence amoureuse, ou le désamour, est plutôt la conséquence de la crise, le symptôme d’un désaccord plutôt que sa cause.
Accepter et apprendre à vivre avec des désaccords permet de passer plus facilement à travers les crises et à l’amour d’être réactivé. Paradoxalement, pour être amoureux longtemps, il faut mettre l’amour de côté lors des discussions et des conflits. Sans parler du fait que chaque personne possède sa propre perception de ce qu’est l’amour.
Pour réussir votre vie amoureuse à long terme vous aurez besoin de quatre éléments fondamentaux. Le premier et le plus important est probablement et justement l’amour, l’amour avec un grand A. Il faut beaucoup d’amour pour apprendre à connaître et à accepter l’autre tel qu’il est. Pour cela, il faut aussi énormément de bonne foi pour cesser d’imposer à l’autre sa façon d’aimer et de vouloir être aimé. Mon expertise de 40 ans en thérapie conjugale m’ont convaincu que l’amour et la bonne foi sont rarement absents des couples, même des couples malheureux.
Ce qui manque surtout, ce sont les deux autres éléments, soit la connaissance et les efforts. La vie à deux n’est pas un long fleuve tranquille ; elle est plutôt parsemée d’embûches comme nous le démontre le haut taux de divorce et de couples qui finissent par se résigner et s’endurer. Il faut beaucoup d’efforts pour accepter et comprendre les multiples petites différences qui existent entre la psychologie et la sexologie féminine et masculine. Il faut aussi beaucoup d’efforts pour accepter, comprendre et apprendre à gérer les dynamiques relationnelles inévitables de la vie à deux, tels le paradoxe de la passion, la schismogenèse complémentaire, les langages de l’amour, les besoins conjugaux des hommes et des femmes et bien d’autres choses.
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Je vous souhaite une excellente journée et beaucoup de bonheur seul et à deux.